C’est en croisant leurs pratiques qu’un radiologue et une angiologue se sont intéressés à cette maladie souvent confondue avec l’endométriose.
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C'est un tandem détonnant. Perrine Echegut, angiologue, est spécialiste des vaisseaux sanguins. Quant à Quentin Sénéchal, radiologue interventionnel, il opère, guidé par l'imagerie. Elle diagnostique, lui traite. À la clinique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les deux blouses blanches croisent leurs connaissances.
Il y a cinq ans, la docteure Echegut remarque des récidives de varices des jambes chez des patientes déjà prises en charge, associées à des douleurs dans le ventre. Comment l'expliquer? Fouillant les études, elle découvre qu'il en existe aussi au niveau de l'utérus et du vagin. Le syndrome de congestion pelvienne, c'est donc ça! Non soignées, elles se développent ensuite sur les membres inférieurs. Il faut donc d'abord traiter celles du bas-ventre avant de s'attaquer aux jambes.
« J'ai alors motivé Quentin pour qu'il s'y intéresse et qu'on trouve une solution pour aider ces femmes en grande souffrance », lance Perrine Echegut. « On travaillait déjà ensemble sur les artères. C'est vrai que les veines, c'est pas forcément un sujet noble, rit son collègue. Mais je me suis rendu compte que c'était vachement plus intéressant ! »
Depuis, les deux spécialistes se battent pour faire connaître cette pathologie très douloureuse, souvent confondue avec l'endométriose. Ils interviennent actuellement sur le sujet au congrès national de la société française de médecine vasculaire qui se tient à Strasbourg (Bas-Rhin) jusqu'au 28 septembre.
Diagnostiquée par scanner ou IRM, cette pathologie plus fréquente chez les femmes déjà mères, apparaît lors de la grossesse lorsque la veine ovarienne se dilate, le sang stagne, responsable de varices. Chez celles sans enfants, le problème est anatomique.
Un traitement, « l'embolisation », existe déjà. Via une piqûre au niveau de l'aine, une sonde injecte une colle qui bouche les varices. « Il est remboursé et n'empêche pas d'avoir des enfants », explique le radiologue qui, grâce à cette technique non-invasive, a pu traiter 300 patientes !
Les deux médecins lancent ensuite une étude. « Il n'y en a jamais eu sur un aussi grand nombre », s'enthousiasme la docteure Echegut. Avec Quentin Sénéchal, ils nous l'annoncent, leur travail colossal, bientôt publié, montre un taux de guérison de 80 % et une forte diminution de la douleur pour les 20 % restants. Il faut donc mieux la détecter.
« C'est une pathologie qui croise deux spécialités, or, en France, chacun a la sienne, voilà pourquoi elle est difficile à repérer », poursuit l'angiologue. Aujourd'hui, il y a urgence à réhabiliter cette maladie connue depuis les années 1970.
« Pendant longtemps, elle a été niée par la communauté des gynécologues, or elle se rend compte qu'aujourd'hui, elle est l'origine de vraies douleurs, de vie amoindrie, alerte-elle. La parole s'est libérée sur l'endométriose, il faut faire la même chose pour ce syndrome. »
Un constat que dresse également Loffroy Romaric, président de la société française d'imagerie cardiovasculaire diagnostique et interventionnelle : « En France, 50 centres et CHU traitent ce syndrome. Cela peut paraître beaucoup mais ce n'est rien comparé au nombre de malades potentielles. Ces patientes sont bien plus nombreuses qu'on ne le pense. Il faut un vrai dépistage. »
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